Ils font Saint Cloud 02/07/2024
Gisèle et Jean-Claude Thomas, très attachés au devoir de mémoire, entretiennent la flamme du souvenir pour la transmettre aux plus jeunes.
Gisèle Thomas, ancienne maîtresse d’école, et son mari Jean-Claude, photographe, tous deux Clodoaldiens de longue date, se sont donné une mission pédagogique, qu’ils assurent avec une ferveur intacte : transmettre aux plus jeunes le souvenir des guerres passées, honorer la mémoire des morts au champ d’honneur et de ceux qui se sont distingués au service de la France.
Se souvenir et commémorer
Clodoaldienne depuis 1955, Gisèle Thomas a enseigné pendant dix-sept ans à l’école de Montretout, qu’elle a ensuite dirigée jusqu’à sa retraite. Alors qu’elle emmène régulièrement ses élèves aux cérémonies patriotiques, la directrice d’école rencontre le président du Comité d’entente des anciens combattants, Léon-Jacques Mayer, un ancien de la 2e D.B., qui la presse de reprendre le flambeau.
Ce comité regroupe des associations d’anciens combattants (FNACA Algérie- Maroc-Tunisie, Union nationale des combattants et Association des officiers et sous-officiers de réserve) et des associations patriotiques (Légion d’honneur, Mérite national, Souvenir français). « Bien accueillie par les anciens combattants, j’ai accepté cette mission en 2008 en souvenir de mon grand-père mort en 1914, étouffé par la terre de sa tranchée soulevée par un obus, et de mon père, qui a combattu en 1940, raconte Gisèle Thomas. Mon mari me soutient dans ce sacerdoce, étant ancien combattant d’Algérie, engagé alors dans l’ALAT (Aviation légère de l’armée de terre) comme photographe de reconnaissance dans le sud oranais, devenu plus tard président du Souvenir français à Saint-Cloud ».
Montrer et raconter
Gardant précieusement les lettres de son grand-père mort en 1914, Gisèle Thomas multiplie les interventions dans les classes, montre aux enfants des objets authentiques rapportés des champs de batailles, avec l’aide d’enseignants très impliqués.
Aux élèves, elle raconte la vie quotidienne des Poilus durant la Première Guerre mondiale, montre les casques, les quarts, gamelles et bouteillons de ses oncles, et même un fusil Lebel avec sa baïonnette. Un obus de 75 éclaté permet d’évoquer les atroces blessures par éclats d’obus et la vie douloureuse, après-guerre, des « gueules cassées ».
Pour la guerre de 1939-1945, un casque troué d’une balle et un masque à gaz disent à eux seuls les souffrances endurées par les soldats et par les civils.
Gisèle Thomas a présenté une exposition sur La Deuxième Guerre mondiale, au Carré du 5 au 15 juin, réunissant une tente avec des mannequins de combattants, des casques et masques à gaz, des portraits de combattants réalisés par les jeunes grâce à l’aide des instituteurs et professeurs d’histoire et avec le soutien des directions des écoles, collèges et lycées.
Après avoir réuni soixante élèves de l’école de Montretout le 11 novembre dernier au carré militaire du cimetière et fait venir des jeeps du Débarquement à la commémoration du 8 mai, Gisèle Thomas et son mari organisent la cérémonie du 18 juin avec des élèves de l’école des Coteaux et Monsieur Troude, professeur d’histoire au collège Gounod.
Transmettre le flambeau
« J’emmène les élèves sur les hauts lieux des deux guerres, où se transmet le mieux le souvenir : Verdun, le Chemin des Dames, Craonne... et bien sûr, les plages du Débarquement, le cimetière américain de Colleville, et même Auschwitz, grâce au soutien de la Ville. » Grâce à elle, les élèves vont raviver la flamme du Soldat inconnu sous l’Arc de triomphe, et ont même participé à une prise de flamme pour la ramener à Saint-Cloud, ainsi qu’aux commémorations du 18 juin au Mont- Valérien, où ils peuvent parfois saluer le Président de la République...
Récemment, les jeunes ont écouté avec grand intérêt la conférence de Dominique Kieffer, fille du commandant Kieffer, qui débarqua à Colleville le 6 juin 1944. Ils ont remis au collège Gounod le drapeau de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés internés résistants patriotes), au cours d’une cérémonie solennelle en présence du Maire, d’Olivier Berthet, adjoint au maire délégué aux Anciens Combattants, de la direction du lycée, et de représentants de la FNDIRP. Après les deux drapeaux de Flandre Dunkerque et de Rhin-et-Danube confiés aux collégiens de Saint-Cloud, ce passage de flambeau témoigne de la volonté du couple de perpétuer le souvenir et d’unir les générations par la commémoration et la pédagogie, dans l’espoir de former de futurs citoyens informés et responsables.
Pour les aider dans cette mission, enrôlez-vous comme porte-drapeau, quêteur pour le Bleuet de France… Venez rejoindre la troupe fervente des passeurs de mémoire emmenés par Gisèle et Jean-Claude Thomas !